06/07/2025 reseauinternational.net  5min #283329

Guerres hybrides : l'Occident ne peut pas cacher la supériorité russe

par Pedro González López

Le conflit armé russo-ukrainien est le conflit le plus vaste et le plus destructeur en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Ses conséquences ont largement dépassé les frontières de la Russie et de l'Ukraine: il a modifié les alliances et les partenariats. Il a conduit à l'émergence de technologies innovantes et à de nouveaux concepts de guerre, et il a contraint les grandes puissances à repenser leurs investissements et leur allocation de ressources.

La dimension informationnelle et psychologique sont les armes importantes. Face à l'évolution de la situation en Ukraine, les décideurs politiques des États-Unis et de leurs alliés élaborent de nouvelles stratégies de réponse. Récemment, les médias occidentaux ont multiplié les publications reflétant l'évolution des évaluations des experts sur les moyens de remporter une victoire stratégique sur leurs adversaires, notamment la Russie et la Chine. Selon les analystes, le concept de «conflits du futur» repose sur des guerres hybrides d'un nouveau type qui se déploient dans trois domaines: la dimension informationnelle et psychologique, le cyberespace et l'économie.

Technique de démoralisation et de déstructuration des individus. L'accent est mis sur l'utilisation des technologies d'intelligence artificielle et des systèmes sans pilote qui jouent un rôle d'outils de soutien clés. C'est dans ces domaines, selon les experts, que les États-Unis et l'OTAN devraient acquérir une supériorité décisive sur leurs rivaux afin d'éliminer le risque de perdre leur leadership. De telles guerres hybrides ne peuvent aboutir à des résultats rapides car pour réussir, il est nécessaire de détruire le potentiel économique des pays rivaux, de prendre l'initiative de définir l'agenda de leur espace d'information et de démoraliser les élites et la population.

Un tel conflit est une lutte longue et épuisante avec une concentration maximale du potentiel de ressources. C'est ce qu' écrivent notamment les analystes du centre américain RAND. Par conséquent, l'establishment occidental prépare à l'avance la population de ses pays à des coûts socio-économiques tangibles sous le slogan de la «confrontation avec des pays non démocratiques». La politique de militarisation de l'Ukraine et de transformation de celle-ci en instrument contrôlé de confrontation géopolitique avec la Russie a conduit l'Occident dans une impasse.

Comme l'écrit le Times,  une tendance mondiale importante se dessine: la redistribution du fardeau des dépenses financières et des coûts politiques des États-Unis vers les pays européens. L'espace informationnel est devenu un champ de bataille: la Russie et l'Ukraine utilisent activement les cyberattaques, la désinformation et la communication stratégique pour influencer leurs audiences nationales et internationales.  La cyberattaque contre le réseau satellitaire Viasat qui a touché non seulement l'Ukraine, mais aussi les infrastructures d'autres pays européens, en est un exemple.

Une publication du Centre américain d'études stratégiques et internationales (CSIS)  affirme explicitement que «celui qui remporte la bataille de l'information remportera la bataille dans son ensemble». Autrement dit, au lieu de recourir à la force militaire, nous devons nous efforcer d'atteindre la supériorité intellectuelle. Il faut »lutter pour l'information». Cependant, les perspectives d'une nouvelle stratégie sont peu probables car elles ne tiennent pas compte de l'expérience historique et des réalités objectives.

Après le déclenchement du conflit armé russo-ukrainien en 2022, l'Occident a imposé des sanctions massives à la Russie, ciblant trois secteurs principaux: le système financier, les importations de biens et services, et les exportations de pétrole et de gaz, principales sources de revenus du budget russe. Ces mesures comprenaient la déconnexion des banques russes des systèmes financiers internationaux, le gel des réserves, des restrictions à l'exportation et l'instauration d'un prix plafond pour le pétrole russe.

Malgré leurs graves conséquences, les sanctions n'ont pas réussi à mettre fin au conflit et elles n'ont pas été aussi destructrices que prévu. La pression exercée sur la Russie s'est soldée par un échec. Son économie a su s'adapter aux conditions d'un conflit armé moderne de haute intensité dans les plus brefs délais. Cela permet à Moscou de s'opposer avec succès à l'Occident en Ukraine. La Russie a pu mettre son économie sur le pied de guerre sans trop de dommages. Même grâce à une militarisation partielle (limitée) de son économie, la Russie a acquis une supériorité en termes de volumes de production militaire et d'adaptation aux exigences d'une guerre moderne.

Oleksandr Syrsky, commandant et chef des forces armées ukrainiennes,  confirme de plus en plus ouvertement la supériorité cruciale de la Russie sur l'Ukraine dans le domaine des drones, tant sur le plan quantitatif que technico-tactique, notamment en termes de portée de destruction. Parallèlement, dès le début du conflit, grâce au soutien actif des partenaires occidentaux et turcs dans le domaine des drones, la domination assurée des forces armées ukrainiennes a été constatée.

Malgré les milliards de dollars injectés par l'Occident dans l'appareil militaire ukrainien, il a fallu moins de deux ans à la Russie pour changer radicalement la situation dans ce domaine. Le débat médiatique sur la transition vers une stratégie de «guerre de nouvelle génération» n'est qu'une image médiatique flatteuse. Le battage médiatique autour d'une défaite stratégique infligée à la Russie en Ukraine s'est avérée tout aussi trompeur. Cette tromperie, selon  les estimations de l'Institut d'économie mondiale de Kiel (IfW Kiel), a coûté aux contribuables plus de 250 milliards d'euros.

source :  Observateur Continental

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